Triumph Speed Twin 2019 essai
Plus rapide et racée qu’une T120 et moins radicale que la Thruxton, la nouvelle Triumph Speed Twin 2019 prend l’avenue déjà explorée par la Street Twin, mais sous une enveloppe beaucoup plus cossue. J’ai eu la chance de rouler avec cette jolie Anglaise sous le soleil de la Floride en mars dernier lors de la 78e édition du Daytona Bike Week.
Un coup de crayon sur la T120 a permis de concevoir un nouveau modèle rétro au style usuel, avec ses jantes à 7 rayons en aluminium, un réservoir arrondi, un guidon droit, des garde-boue en aluminium brossé, un bouchon de réservoir à carburant de style Monza, un éclairage DEL, une selle texturée et une magnifique finition chrome noire. Cette nouvelle Triumph Speed Twin marie avec délicatesse le style néo et rétro; un bel hommage à Edward Turner, le dessinateur original de la Speed Twin 1938. Elle suit également les codes esthétiques des sportives standards avec une lointaine filiation de la belle époque. On note également une excellente qualité globale côté finition et au niveau des matériaux employés.
Triumph Speed Twin 2019 : une déclinaison de plus
La partie cycle dérivée de la Thruxton se compose d’une structure d’acier à double berceau tubulaire et boucle arrière. En revanche la géométrie du train avant se démarque, grâce à un accent sur la maniabilité et la vivacité avec un léger transfert de poids vers l’avant, alors que l’empattement s’accroît de 15 mm. Le fait le plus important réside du côté du poids non suspendu, qui chute considérablement grâce à l’ajout de jantes en aluminium coulé, qui réduisent de 28% l’inertie par rapport à la Triumph Thruxton.
Le moteur provient de la même source, soit le bicylindre parallèle de 1200 cc à simple arbre à cames, 8 soupapes, balancier d’équilibrage et vilebrequin calé à 270 degrés. Il délivre 97 chevaux à 6750 tr/min et 82,6 lb-pi à 4900 tr/min, sensiblement les mêmes cotes de performance que celui de la Thruxton. Son allure traditionnelle qui imite une mécanique à refroidissement à l’air cache un cylindre et une culasse refroidie par liquide. Les ingénieurs de Triumph excellent dans le camouflage des éléments moderne. Pour preuve, le circuit de refroidissement, le vase d’expansion et le capteur de température se trouvent joliment dissimulés sur cette machine dénudée. Le radiateur, à peine visible, se trouve habilement intégré entre les deux berceaux du cadre.
L’électronique, tout aussi discrète, apporte au pilote de la Speed Twin l’ensemble des aides modernes qui inclut un accélérateur «ride-by-wire», 3 modes de cartographie moteur (Rain, Road, Sport), un contrôle de traction et un système ABS évolué.
Le premier contact
Facile de prise en main et intuitive, la Triumph Speed Twin 2019 ne nécessite aucun mode d’emploi spécifique. Par contre, son train avant vif et léger demande des manœuvres coulées, tandis que les prises d’angle des plus progressives rassurent et nous donne l’envie d’entrer plus fort dans le prochain virage. Par chance, les sensations des trains roulants (adhérence et tenue de cap) sont très bien communiquées au pilote.
Rouler vite sur une belle route de campagne ou en mode balade sur un boulevard, elle s’y prête tout aussi bien. Ce résultat provient d’une mécanique souple qui pousse bien de 2500 à 6000 tr/min puis repart de plus belle d’une verve inespérée jusqu’au rupteur à 7500 tr/min. D’ailleurs, la courbe de puissance et de couple assure à cette mécanique un caractère et un agrément bien sentis. Le bicylindre demeure charismatique et distille une vibration feutrée jamais contraignante. L’embrayage à commande assistée demande peu d’effort, alors que la commande de la boîte à 6 rapports se montre précise et verrouille bien, et ce, sans se briser un orteil.
Joueuse, mais pas athlète
Si le contrôle de traction permet d’être désactivé, son intervention peu intrusive et la transparence de ses actions donnent le goût de le conserver. Bien sûr, si l’on pratique les bonnes techniques de positionnement et de gestion des gaz. Car lorsqu’on enroule la poignée de l’accélérateur entre deux virages, la Triumph Speed Twin demande une certaine implication physique (déhanchement et transfert de poids) pour être bien menée dans le virage qui suit. De plus, en forçant le rythme, on arrive à perturber les amortisseurs et la fourche, surtout sur l’angle où certains rebonds mal contrôlés nous montrent la limite de la partie cycle. En revanche, le cadre ne se désunit jamais, offrant une saine sensation dans l’ensemble des phases d’un virage. Le pilote dispose également d’un système de freinage précis et mordant et d’une excellente monte de pneus Pirelli Diablo Rosso, qui apportent confiance et plaisir de pilotage.
Sur l’autoroute la Triumph Speed Twin révèle un manque de protection, le style dénudé nous le laissait présager. Par contre, la selle longue et plate et la position naturelle dictée, procurent un bon niveau de confort qui permet des intervalles d’environ 200 kilomètres.
Triumph diversifie son offre du côté rétro de belle façon avec cette nouvelle Speed Twin 2019, une machine qui m’a surpris à plusieurs égards, mais qui gagnerait à se doter d’une suspension plus cossue et réglable côté hydraulique. Qu’à cela ne tienne, elle passe le test de la sportive dénudée avec brio, un outil efficace, facile d’emploi et des plus charismatiques. Triumph est passé maître dans la conception de monture néo-rétro; la Speed Twin se montre comme la plus sérieuse réalisation classique à leur actif.
Triumph Speed Twin 2019 : les +
- Style réussi
- Convivialité
- Courbe de puissance et de couple bien remplie
- Confort général
Triumph Speed Twin 2019 : les –
- Suspension non réglable, qui tranche avec l’efficacité de la partie cycle
- Train avant léger
Par Pascal Bastien