Les saisons 2019 et 2020 marquent l’arrivée du fabricant Triumph au sein du championnat MotoGP. La firme anglaise prend le flambeau détenu jusqu’à la fin 2018 par Honda pour devenir le fournisseur officiel des moteurs du championnat FIM/Dorna intermédiaire.
Bien sûr, il fallait souligner cette entente d’envergure et Triumph le fait de belle manière avec sa nouvelle Triumph Daytona Moto2 765 2020 produite en 1530 exemplaires, soit 765 pour l’Amérique. La firme anglaise l’a présentée officiellement lors du Grand Prix d’Angleterre MotoGP à Silverstone comme nul autre qu’une monture du Championnat du monde de Moto2 homologuée pour la route.
Une cylindrée intermédiaire haut de gamme
Côté style, petite déception avouée de la presse en général; on aurait bien voulu voir une mise à jour de son carénage qui date et paraît démodé par rapport à la fine et usuelle partie arrière. Triumph a choisi de conserver les sobres lignes du modèle sortant, tout de même racé et haut de gamme, pour ne pas trop gonfler la facture.
Le cadre est repris et c’est tant mieux, car la Triumph Daytona n’a jamais fait semblant; elle a toujours su être précise, agile, sûr et même facile sur circuit comme sur la route. Elle figurait encore sur le podium des comparatifs supersport lors de sa dernière année de production de série. Sur cette solide base Triumph lui greffe pour l’occasion des suspensions Öhlins entièrement réglables et des étriers et disques Brembo de série Stylema. La Triumph Daytona 725 s’offre également une cure d’amaigrissement, grâce à des roues forgées ultralégères et un carénage en fibre de carbone.
Battre au rythme de la Moto2
Le cœur de cette nouveauté, un moteur à trois cylindres en ligne qui gagne 90 cc et génère 128 chevaux. Un résultat décevant pour une telle cylindrée, assurément l’effet secondaire de la nouvelle norme Euro5. En revanche, après avoir considéré la judicieuse adéquation poids/puissance (190 kg tous pleins faits), le surplus de couple et la courbe mieux remplie, on se rend compte qu’elle sera la plus rapide moyenne cylindrée sur le marché.
Cette mécanique – qui a déjà fait ses preuves en animant le peloton Grand Prix Moto2 cette année – repose sur une évolution du moteur à course courte des pistons de la Triumph Street Triple RS. Elle en partage les traitements de parois internes au nikasil, les carters inférieurs, la culasse à doubles arbres à cames et les soupapes. Pour augmenter l’alésage, les ingénieurs ont remplacé l’ancien bloc de cylindre à chemise par une pièce de fonderie d’aluminium monobloc. Cette solution permet de grossir et rapprocher les cylindres entre eux, sans majorer les dimensions externes du moteur et de la tête.
Ce moteur trois cylindres intègre également une panoplie d’amélioration qui lui permet de fournir près de 140 chevaux dans sa version de course. On compte une culasse dotée d’orifices d’admission et d’échappement revus, des ressorts de soupapes plus fermes, une boîte à air plus volumineuse, un collecteur et un échappement Arrow Moto2 et de nouveaux arbres d’équilibrage et bielles. Le fruit d’un intense programme de développement technique incluant une étroite collaboration avec le pilote d’essai officiel Triumph Julian Simon ex-pilote Moto2. Ajoutons à cela une boîte de vitesse à rapport bien étudié pour extraire le meilleur de la mécanique, une assistance au changement de rapport électronique qui fonctionne dans les deux sens et un embrayage unidirectionnel à glissement limité.
L’ère électronique
Contrairement à une Moto2 qui fait abstraction complète d’aide électronique au pilotage, la Daytona 765 se targue de tout l’arsenal électronique Triumph du moment. Un ensemble qui comprend une centrale inertielle, un accélérateur « ride-by-wire’’, un système de contrôle de traction, un système ABS qui demeure en fonction en virage et des modes de cartographie : Rain, Road, Rider, Sport et Track.
Merci à Triumph d’avoir osé mener à terme un projet aussi ludique, de produire une moto de moyenne cylindrée à la technologie poussée. La marque britannique comble le souhait des admirateurs de course et de journée de roulage en piste en donnant une nouvelle existence à sa sportive à trois cylindres. La Daytona Moto2 765 s’annonce comme la sportive à l’adéquation poids/puissance parfaite gage d’une facilité de pilotage extraordinaire. Elle saura faire rougir de honte quelques superbike de 1000 cc la saison prochaine.
Par Pascal Bastien