Quatre ans après la refonte intégrale de sa superbike, Yamaha lui offre une mise à jour pour demeurer dans le coup. Un cahier de charge qui a mené à une multitude de petits changements, qui devraient lui permettre de se hisser sur la plus haute marche du podium World Superbike la saison prochaine aux mains des deux pilotes d’usine Toprak Razgatlioglu et Michael van der Mark.
Le nouveau design émule celle de la petite sœur Yamaha YZF R6 qui, 3 ans plus tôt, recevait une métamorphose aux formes tranchantes, étirées, complexes et davantage d’inspiration MotoGP. La partie avant s’affine et s’étire vers le bas, avec un nez acéré muni de deux vaisseaux de diodes à l’effet dynamique remarquable. Un design à l’orientation radicale de course, qui la rend encore plus séduisante que jamais. Cette cuvée 2020 à la finition exemplaire s’offre soit livrée noire matte sur noir brillant ou bleu racing surlignée gris mat.
Yamaha YZF 2020 : une norme qui castre
Face à une concurrence qui n’a pas chômé, celle qui était dans le coup en 2015 venait de prendre un sérieux retard côté émission polluante. Yamaha profite donc de cette actualisation pour rencontrer la nouvelle norme Euro5. En effet, grâce à un accélérateur qui est dorénavant entièrement électronique à potentiomètre qui remplace l’ancien système mi-mécanique, mi-électronique. Le nouveau système, baptisé APSG, se compose de capteurs de position et de nouveaux injecteurs Bosch à pulvérisation fine, visant à améliorer la combustion. Un nouveau système d’échappement muni de multiples pots catalytiques intégrés aux collecteurs complète l’évolution côté propreté.
Forte de son patrimoine gagnant en MotoGP, Yamaha équipe sans surprise sa nouvelle R1 2020 du fameux 4 cylindres en ligne à vilebrequin cruciforme (séquence d’allumage irrégulière 270-180-90-180 degrés). Sa conception unique intègre également une foule de composants exotiques comme les bielles en titane, les pistons en aluminium forgé et les axes allégés à revêtement antifriction DLC (Diamond Like Carbon). Un moteur aussi efficace que charismatique qui en prime émet une sonorité rauque inimitable.
Suite au châtrage Euro 5, les ingénieurs ont dû revoir l’ensemble du moteur pour qu’il conserve les mêmes cotes de puissance et de couple. Ainsi, l’admission, la culasse, l’injection, les culbuteurs à linguets, les profils de came, la levée des soupapes et le système de lubrification revus permettent au CP4 de générer précisément 199 chevaux à 13 500 tr/min et 98 lb-pi de couple.
Révolution électronique chez Yamaha
L’électronique évolue également et compte désormais 8 systèmes d’aide au pilotage. On trouve à bord 4 modes de performance du moteur, un contrôle de traction à 9 niveaux d’intervention, un contrôle de la glisse du train arrière (slide control) à 3 niveaux, un anticabrage à 3 niveaux, un aide au départ arrêté et un système d’aide au changement de rapport qui fonctionne pour monter comme pour rétrograder.
Du déjà vu ? Lisez bien ce qui suit! La nouvelle Yamaha R1 se dote du premier système de gestion du frein moteur de l’histoire du fabricant, qui propose 3 niveaux de réglage. En effet, la plus importante évolution électronique est sans contredit le système de freinage actif sur l’angle à 2 niveaux d’intervention, qui gère la pression d’huile, afin de réduire les risques de perte d’adhérence du train avant (low side) lorsque l’on freine en entrée de virage (trail breaking). Une technologie révolutionnaire qui vient appuyer un système de freinage déjà très performant et endurant. L’ensemble des systèmes se voit gérer par une centrale à capteur inertiel à 6 axes (vers l’avant, la gauche, la droite, le haut, le bas et les mouvements de tangage, roulis et dérive), qui analyse les données plus de 100 fois par seconde.
Identique, et tant mieux
L’ergonomie demeure identique au modèle sortant, une monture qui tourne littéralement le dos à la route, abandonnant toute sorte de compromis pour donner le maximum sur piste. Fine entre les jambes, courte comme une 600, la Yamaha YZF R1 2020 projette le buste en avant, le fessier relevé et la tête dans la bulle à consulter le superbe tableau de bord TFT couleur des plus complets. Une compacité extrême, qui laisse tout de même de la place pour les costauds d’entre nous, grâce à une selle spacieuse et bien moulée. Cette dernière culmine à 855 mm du sol et 5 mm de plus haut sur la version YZF R1 M.
La géométrie ne change point. L’angle de fourche (24 degrés), son déport (102 mm) et l’empattement (1405 mm) confirment une machine agile et ultra compacte. L’amortisseur optimisé se règle dans tous les sens, tandis que la fourche inversée Kayaba de 43 mm s’offre de meilleurs clapets hydrauliques associés à un tarage réduit du ressort et un niveau d’huile modifié, afin de mieux communiquer au pilote les conditions de la surface.
La version exotique YZF R1 M
La version M ajoute à cette liste une esthétique spécifique munie de pièces de carbone. De plus, la Yamaha YZF R1 M 2020 propose une fourche ERS NPX pressurisée à l’azote de 43 mm et un amortisseur haut de gamme, tous 2 signés Öhlins et à réglage électronique par le biais du tableau de bord.
Les nouvelles Yamaha YZF R1 et YZF R1 M attaquent le segment de manière sournoise. Affinée et optimisée, elle donne déjà des sueurs froides à la concurrence, et ce, sans perdre son caractère original. Son électronique superlative, la qualité de ses composants et le niveau de performance de sa partie cycle et moteur nous donnent accès au niveau supérieur.
Par Pascal Bastien